Le 16 juin 2025, un moment longtemps attendu s’est déroulé à Libreville. Le président Brice Clotaire Oligui Nguema, aux côtés du président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, a inauguré la station de pompage d’eau potable de PK5, dans le nord de la capitale.
Bien plus qu’une cérémonie symbolique, cet événement a marqué la fin d’une crise de l’eau qui a affecté plus de 300 000 habitants dans les communes de Libreville, Owendo, Akanda et Ntoum pendant plus d’une décennie.
Le projet a nécessité un investissement total de 117 400 000 euros, soit environ 77,001 milliards de FCFA. Sa structure de financement s’articule comme suit :
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Banque africaine de développement : 75 400 000 € (≈ 49,465 milliards FCFA)
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Africa Growing Together Fund : 42 000 000 € (≈ 27,550 milliards FCFA)
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Gouvernement gabonais : appui logistique, opérationnel et administratif, sans montant financier public précisé en euros.
Avec une capacité de pompage de 57 600 mètres cubes par jour, la station peut desservir directement environ 128 000 personnes, et profiter indirectement à plus de 300 000 habitants grâce aux extensions du réseau de distribution.
Avant sa mise en service, plusieurs quartiers dépendaient de camions-citernes ou de longues marches pour collecter de l’eau. Dans certaines zones, le prix du mètre cube livré par camion atteignait 10 000 à 15 000 FCFA, contre 470,97 FCFA/m³ selon le tarif réglementé de la SEEG en vigueur depuis octobre 2018. Cette différence énorme imposait une pression financière et physique particulièrement lourde sur les ménages les plus modestes.
Les retombées sanitaires du projet sont tout aussi significatives. L’eau propre et disponible en continu permet de renforcer les pratiques d’hygiène dans les foyers, les écoles et les centres de santé. Le ministère de la Santé estime qu’avant ce projet, la mauvaise qualité de l’eau était responsable de près de 20 % des hospitalisations pédiatriques dans la région de Libreville.
Sur le plan économique, l’infrastructure allège considérablement les charges fixes pour de nombreuses petites entreprises. Restaurants, blanchisseries, boulangeries, salons de coiffure, ateliers… tous les métiers dépendant de l’eau peuvent désormais fonctionner sans interruption. Des estimations préliminaires indiquent une réduction de 25 à 30 % des coûts d’exploitation pour ces PME.
D’un point de vue technique, la station de PK5 est dotée de pompes à haut débit, de systèmes de filtration automatisés et d’un réseau de 150 kilomètres de canalisations rénovées. Plus de 60 bornes-fontaines publiques ont été installées dans les quartiers périphériques afin de garantir l’accès à ceux qui ne sont pas encore raccordés directement à domicile. L’ensemble du dispositif intègre des capteurs numériques pour le suivi de la pression, du débit et de la qualité de l’eau, afin d’assurer une maintenance réactive et une meilleure transparence.
Mais au-delà de la technologie, ce projet porte une vision : l’eau n’est pas un privilège, c’est un droit. Après plus de dix ans d’incertitudes, les populations voient enfin se concrétiser les engagements pris. La station de pompage de PK5 illustre surtout la puissance de la coopération stratégique. Lorsqu’une banque multilatérale, un gouvernement, et des partenaires de financement parlent le même langage, les infrastructures se réalisent rapidement et avec impact.
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Steven OBAME