Ce que révèle le rapport 2024 du FMI sur les priorités d’infrastructure au Gabon

La Consultation au titre de l’Article IV de 2024, publiée par le Fonds monétaire international (FMI), offre une vue d’ensemble détaillée et multidimensionnelle de l’économie gabonaise et de ses priorités de politique publique.

Au-delà des sujets classiques comme l’inflation, la dette publique ou la dépendance pétrolière, le rapport apporte un éclairage essentiel sur les infrastructures d’eau et d’électricité, des piliers incontournables de la croissance inclusive et de la stabilité sociale.

L’un des constats les plus urgents concerne le secteur de l’électricité. Le FMI qualifie l’approvisionnement énergétique du Gabon d’irrégulier, coûteux et insuffisant pour répondre à la demande croissante. La couverture électrique reste inégale, en particulier dans les régions du nord et de l’est du pays. Les pertes techniques et commerciales pèsent lourdement sur la viabilité financière de la SEEG. Le rapport appelle à des investissements conséquents dans la réhabilitation du réseau, l’installation de systèmes de comptage prépayé, et une meilleure application des standards de maintenance. Bien que des réformes tarifaires aient été amorcées dans le passé, le FMI insiste sur la nécessité d’un modèle équilibré, combinant subventions ciblées pour les ménages vulnérables et tarification reflétant les coûts réels.

Le secteur de l’eau n’est pas épargné par les faiblesses structurelles. Malgré la mise en œuvre de projets financés par des partenaires (comme le PASIG), l’accès à l’eau potable reste inférieur à 65 % dans plusieurs provinces. Ce déficit s’explique par un entretien inadéquat des infrastructures, une superposition institutionnelle, et l’absence de données fiables sur l’exploitation des services. Le FMI soutient une position de plus en plus défendue par la société civile : séparer la gouvernance de l’eau et celle de l’électricité en deux entités spécialisées. Il recommande également la mise en place de mécanismes de financement dédiés, permettant de garantir la durabilité des systèmes d’alimentation en eau en milieu rural.

À une échelle plus large, le rapport s’interroge sur l’efficacité des investissements publics au Gabon. Bien que le pays consacre des ressources importantes à ses infrastructures, leur rendement reste faible. Le Gabon n’obtient qu’un score de 2,1 sur 4,0 à l’indice d’efficacité des investissements publics. Le taux moyen de recouvrement des recettes de la SEEG plafonne à 65 %. Les projets d’infrastructures connaissent des retards moyens de 18 à 24 mois. Ces défaillances trouvent leur origine dans le manque d’études de faisabilité, des procédures de passation floues, et une supervision insuffisante. Le FMI recommande la création d’un tableau de bord centralisé, numérique, connecté en temps réel et intégré au système de suivi du ministère du Budget et de la Planification.

Le rapport souligne également que la transition énergétique verte du Gabon doit impérativement s’ancrer dans une réforme institutionnelle profonde. Les projets solaires, hydroélectriques ou de réseaux intelligents ne réussiront pas sans organismes de régulation indépendants, un personnel qualifié dans les métiers de l’énergie, et des processus d’appel d’offres transparents et stables. Ce constat est fondamental : la technologie ne suffit pas. Ce sont les capacités institutionnelles qui transforment le potentiel en résultats.

Ce rapport montre que les défis liés aux infrastructures au Gabon ne sont pas simplement techniques ou financiers. Ils sont systémiques, liés à la fragmentation des institutions, aux budgets à court terme, et à l’absence de suivi de la performance. Pour les surmonter, il faudra bien plus que des financements ou des innovations techniques : il faudra une gouvernance intelligente, équitable et rigoureuse.

Le rapport du FMI ne se limite pas à décrire les problèmes. Il appelle à l’action. En tant que professionnels de l’énergie, de l’eau et de la stratégie publique, notre responsabilité n’est pas seulement de lire ces analyses, mais de les traduire en solutions concrètes. Le temps des diagnostics est terminé. Celui de l’exécution commence.

Source : Fond Monétaire International, imf.org

Steven OBAME

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