Gabon lance le FNEE : un jalon de 1,9 milliard $ pour la sécurité énergétique et hydrique

En mai 2025, le Gabon a franchi une étape décisive pour remédier aux coupures d’électricité chroniques et aux difficultés d’accès à l’eau en instituant, par décret du Cabinet du 30 mai 2025, le Fonds national pour l’énergie et l’eau (FNEE).

Doté d’un budget de 1 134,5 milliards FCFA (≈ 1,93 milliard USD) pour la période 2024–2026, le FNEE annonce une ère de pilotage stratégique et de gouvernance renforcée des services de base.

Le FNEE structure son action autour de quatre volets principaux :

  • Mesures d’urgence (centrales flottantes, interventions rapides) : 300,0 milliards FCFA (26,4 %)

  • Interconnexions régionales (liaisons électriques transfrontalières, notamment avec la Guinée équatoriale) : 400,0 milliards FCFA (35,3 %)

  • Soutien aux projets en attente (centrale thermique d’Owendo 125 MW, barrages de Ngoulmendjim et Impératrice Eugénie) : 297,3 milliards FCFA (26,2 %)

  • Autres initiatives (mini-réseaux solaires, renforcement des réseaux de distribution, électrification rurale) : 137,2 milliards FCFA (12,1 %)

Le pilotage du FNEE est assuré par le ministère de l’Économie, chargé de mobiliser les contributions publiques, privées et des bailleurs sous des critères de sélection transparents et des mécanismes stricts de suivi financier et d’évaluation de la performance. L’objectif est d’éviter la dispersion et les dépassements de coûts qui ont freiné les efforts antérieurs.

Sur le plan stratégique, le FNEE vise à stabiliser l’approvisionnement énergétique en accélérant le déploiement de capacités de production et la modernisation des réseaux, tout en assurant un accès équitable à l’eau via des programmes ciblés en zones rurales. Le fonds intègre également un volet transition verte, en revitalisant des projets hydroélectriques structurants (Ngoulmendjim, Impératrice Eugénie) et en ouvrant la porte à de futurs programmes solaires ou mini-réseaux.

Le FNEE est plus qu’un simple instrument financier : c’est un tournant dans la gouvernance des infrastructures publiques. En combinant un budget conséquent et un dispositif de contrôle clair, le Gabon se dote enfin d’outils capables de traduire ses ambitions en résultats tangibles, au service de la résilience économique et de la justice sociale. Le défi majeur restera la mise en œuvre, mais face à des années de solutions superficielles, le FNEE se distingue comme un levier de transformation durable.

 Steven OBAME