Kinguélé Aval : Le premier barrage privé du Gabon, moteur d’une énergie durable

En juillet 2021, le projet hydroélectrique de Kinguélé Aval a franchi une étape déterminante avec la clôture de son financement. Ce barrage, situé sur la rivière M’Bei, en aval des installations existantes de Kinguélé et de Tchimbele, est le premier projet hydroélectrique privé jamais lancé au Gabon.

Il s’inscrit dans une dynamique nationale de transition énergétique vers des solutions plus propres, plus stables et plus durables.

Ce projet d’un montant total de 179 millions d’euros, soit environ 117,4 milliards de FCFA, est développé sous forme de partenariat public-privé. Il bénéficie d’un soutien structuré impliquant des acteurs internationaux de premier plan : la Banque africaine de développement (BAD), la Société financière internationale (IFC), la Banque de développement d’Afrique australe (DBSA), le Fonds pour les infrastructures émergentes d’Afrique (EAIF) ainsi que le fonds d’investissement Meridiam, chef de file du consortium.

D’une puissance installée de 34 MW, la centrale de Kinguélé Aval repose sur un système de type « au fil de l’eau », c’est-à-dire sans retenue d’eau ni inondation des zones en amont. L’installation intègre un barrage en béton de 48 mètres et des turbines Francis de dernière génération. Elle devrait produire annuellement 205 GWh, soit l’équivalent de 9 à 13 % de la consommation électrique de Libreville. Ce projet permet donc d’ajouter une capacité stratégique au réseau, tout en réduisant l’empreinte carbone du pays.

Kinguélé Aval vient compléter deux autres centrales situées sur le même cours d’eau : Kinguélé (amont), mise en service en 1973 avec une puissance de 57,6 MW, et Tchimbele, opérationnelle depuis 1980 avec une puissance de 68,4 MW. Ces deux installations, aujourd’hui exploitées dans le cadre du réseau interconnecté de Libreville, produisent ensemble environ 680 GWh par an. L’ajout de Kinguélé Aval permettra de porter la puissance totale du corridor hydroélectrique de la M’Bei à 160 MW et d’élever la production annuelle du système à environ 885 GWh, soit une hausse de près de 30 %. À elle seule, Kinguélé Aval représente une augmentation de 21 % de la capacité installée du corridor.

Au niveau national, la capacité hydroélectrique installée du Gabon était estimée à environ 331 MW en 2024, soit environ 40 % de la production électrique. Avec l’arrivée des 34 MW de Kinguélé Aval, la capacité grimpe à 365 MW, consolidant la part de l’hydroélectricité dans le mix énergétique gabonais, potentiellement au-dessus des 45 %. Cette dynamique offre une base plus stable pour accueillir d’autres énergies renouvelables, notamment le solaire et l’éolien, qui nécessitent un socle de production pilotable pour compenser leur intermittence.

Sur le plan financier, le projet est structuré de la manière suivante : 39 millions d’euros (environ 25,58 milliards FCFA) proviennent d’un prêt de la BAD via le Fonds SEFA, tandis que les 140 millions d’euros restants (environ 91,83 milliards FCFA) sont apportés par les autres partenaires financiers (IFC, DBSA, EAIF, AGTF). Le projet est porté par la société Asonha Énergie SA, détenue à 60 % par Meridiam et à 40 % par Gabon Power Company.

La construction est assurée par Sinohydro, avec une supervision environnementale et sociale confiée à Mott MacDonald. En raison de la proximité immédiate du Parc national des Monts de Cristal, plus de 2 000 hectares de zones naturelles adjacentes au site sont désormais protégés. Des mesures de compensation écologique, des suivis biodiversité et des plans de gestion sociale ont été mis en place pour minimiser l’impact du chantier et renforcer l’acceptabilité du projet auprès des populations locales.

En matière de retombées socio-économiques, Kinguélé Aval participe à l’électrification et au développement communautaire de villages comme Alen Komo, Andock Foula, Makabane et Madouacka. Le projet prévoit des emplois directs, des formations qualifiantes et des fonds de développement local pour garantir un héritage positif sur le long terme.

En juillet 2025, les travaux sont achevés à environ 80 à 90 %, et la mise en service commerciale est prévue pour le quatrième trimestre 2025. Les derniers mois sont consacrés aux tests finaux, à l’intégration réseau et à la validation réglementaire.

Pour moi, ce projet incarne exactement ce que doit être l’infrastructure énergétique moderne : techniquement rigoureuse, écologiquement responsable, économiquement viable et socialement inclusive. Kinguélé Aval n’est pas qu’un barrage. C’est un marqueur de confiance, une preuve que le Gabon peut s’appuyer sur des partenariats structurés pour accélérer sa transition énergétique, tout en renforçant la souveraineté de son mix électrique.

 

Lire l’étude d’impact environnemental et social (ESIA) complète :

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Steven OBAME